Jean GILLES
Jean Gilles – 1668 – 1705 né à Tarascon, est un compositeur de la période baroque. Jean Gilles montre dès son plus jeune âge une santé fragile et dispose de talents musicaux. Il est d’abord enfant de chœur à la cathédrale d’Aix-en-Provence dont la maîtrise est dirigée par Guillaume Poitevin, il lui succèdera en 1693.
En 1695, il quitte Aix pour Agde, où il remplit les fonctions de maître de chapelle à la cathédrale. En 1697, grâce à l’appui de Monseigneur de Bertier, évêque de Rieux, il est nommé maître de chapelle à la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse.
En 1704, deux conseillers du Parlement de Toulouse étant décédés, leurs deux fils commandent une messe de Requiem à Jean Gilles. Gilles accepte en demandant un délai de six mois. Les commanditaires acceptent ce délai et lui payent une avance de dix louis d’or mais ils se rétractent lorsque la messe est écrite et après l’audition d’une répétition en présence de Campra et Madin. Piqué, Gilles se serait écrié : « Eh bien ! elle ne sera exécutée pour personne et j’en veux avoir l’étrenne ».
Selon sa volonté, la Messe des Morts sera exécutée pour la première fois lors de ses obsèques, sous la direction de son ami André Campra, qui va contribuer à la faire connaître.
Bien qu’ayant été maître de musique de la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse, lors de sa mort le 5 février 1705 il n’était qu’un simple clerc tonsuré. Le lendemain de son décès il a été inhumé dans la même cathédrale, « au cloître dans le tombeau destiné pour les enfants du chœur ».
Dans ses Lettres sur les hommes célèbres du règne de Louis XIV, Pierre-Louis d’Aquin écrivit, en 1752, que Gilles aurait sans doute remplacé Delalande s’il avait vécu plus longtemps (il mourut à 37 ans seulement).
Très célèbre durant tout le XVIIIe siècle, la Messe est notamment exécutée aux obsèques de Jean-Philippe Rameau (1764) — par cent quatre-vingts musiciens « symphonistes et chanteurs », appartenant à l’Académie royale de musique, à la Musique du roi et à diverses églises — et pour le service funèbre de Louis XV (1774), par les musiciens ordinaires de la Chapelle du roi.
Différents manuscrits de la Messe de Requiem existent dans les bibliothèques parisiennes, en particulier le matériel complet utilisé lors des obsèques de Rameau (bibliothèque du Conservatoire). Selon une coutume fréquente au XVIIe siècle et au début du XVIIIe, les partitions ne mentionnent pas le détail de l’orchestration, mais seulement les grandes lignes. Fidèle à l’écriture instrumentale de l’époque, cette version met en valeur la puissance d’expression, la gravité, la noble beauté de cette œuvre exceptionnelle. Elle était même rentrée depuis 1750 au répertoire du Concert Spirituel.
Outre la Messe des Morts, on a conservé de lui 11 grands motets et plusieurs petits motets, trois lamentations et deux messes.
La Messe des morts, est l’une des œuvres dont le succès ne s’est jamais démenti, sans doute parce que, selon la tradition chrétienne, elle évoque assez peu la mort, mais accompagne au mieux les défunts avec l’idée de sommeil, de lumière et de résurrection.
En alternant les passages chantés par les solistes et ceux chantés par les chœurs, cette œuvre est sans doute la première ayant adopté un rythme concertant.
Elle séduit par la synthèse qu’elle opère entre la tradition française (récits et chœurs s’inscrivent dans l’héritage du Grand Siècle versaillais) et le style italien marqué par la souplesse et la fraîcheur de l’invention mélodique. Elle est, par son élégante et puissante gravité, la création maîtresse de celui qui, comme maître de chapelle à Agde, puis Toulouse, laisse un important ensemble de musique d’église
Pour sa saison 2025, l’Ensemble Jubilate de Versailles se propose de faire entendre la partition élaborée en 1764 pour les deux services funèbres de Jean-Philippe Rameau, les 27 septembre et 16 décembre en l’église de l’Oratoire du Louvre, en s’appuyant sur la copie originale conservée à la BNF à Paris et l’expérience des premières restitutions proposées il y a dix ans par Skip Sempé et le musicologue anglais John Hammond. Ce sera aussi l’occasion de célébrer le trois centième anniversaire de la création du Concert Spirituel, en mars 1725, sur la base d’un accord avec l’Académie royale de Musique, d’où provient le manuscrit parisien, avec une mention explicite de référence aux funérailles de Rameau. Avec des variantes importantes par rapport à la partition généralement connue, ce sera l’occasion pour les publics versaillais et parisiens de redécouvrir cette œuvre.
Jean-Joseph Cassanéa de MONDONVILLE
Jean-Joseph Cassanée de Mondonville – 1711 – 1772 né à Narbonne le 25 décembre, est un compositeur baroque. Mondonville voit le jour dans une famille aristocratique occitane qui a connu des revers de fortune. Il apprend la musique avec son père, musicien et organiste à la cathédrale Saint-Just.
Bien qu’appartenant à une génération ultérieure, Mondonville est contemporain de Jean-Philippe Rameau.
Violoniste et compositeur de musique religieuse, d’opéra français et de ballets, Mondonville entre en 1735 aux « concerts de Lille » comme Maitre des Violoncellistes. Il s’installe ensuite à Paris en 1738 et est engagé, grâce à la protection de Madame de Pompadour, comme violoniste au Concert Spirituel, il y deviendra le directeur en 1755.
Le motet Venite exultemus domino, publié en 1740, lui vaut le poste de Maître de musique de la Chapelle. Devenu musicien du Roi, il occupe, en 1744, les fonctions de sous-maître de la Chapelle Royale.
Comme Campra avant lui, Mondonville mena avec succès une carrière de musicien profane et sacré aussi bien à Paris qu’à Versailles.
En 1747, il épouse Anne-Jeanne Boucon, claveciniste célèbre à qui Rameau avait dédié en 1741 une de ses pièces de clavecin en concert.
Entre 1734 et 1755, il compose 17 grands motets, dont seules neuf partitions nous sont parvenues. La musique de Mondonville se caractérise par son inventivité et son expressivité. On peut citer la lenteur hiératique du Dominus regnavit l’impétuosité du Elevaverunt flumina et le lyrisme du Gloria patri dans le même motet, mais aussi le modernisme fougueux du verset Jordanis conversus est retrorsum dans le motet In exitu Israel.
Dans la querelle des Bouffons (1752 à 1754), il prend le parti de la musique française. Sa pastorale héroïque Titon et l’Aurore, dont la première a lieu le 9 janvier 1753 à l’Académie royale de musique, est un événement important destiné à imposer la supériorité de la tragédie lyrique française. Pourtant, l’année suivante, Mondonville compose le livret et la musique de son opéra en occitan, Daphnis et Alcimadure, où, par des emprunts à différents intermèdes italiens représentés en France à la même époque, se perçoit nettement l’influence du style italien.
Grâce à une grande maîtrise orchestrale et vocale, Mondonville apporte au genre du grand motet le genre dominant du répertoire de la Chapelle Royale jusqu’à la Révolution, la couleur d’un dramatisme inhabituel, qui font de ses œuvres des créations remarquables de la musique baroque.
En 1755, après la mort de Pancrace Royer, Mondonville le remplace au titre de directeur du Concert Spirituel jusqu’en 1762.
Mondonville s’éteint à Belleville le 8 octobre 1772.